La francophonie: une chance pour nos langues maternelles
Le 21 février dernier, le monde a célèbré la journée internationale de la langue maternelle. C’est une bonne chose.
Mais pour moi, sans le français, nos langues maternelles en Afrique ne sont que des vases clos, des îlots isolés et perdus dans le désert. C’est mon point de vue, vous me le pardonnerez.
Nos langues sont de petites tailles et n’ont pas assez de mots. C’est vrai je suis de l’école de Senghor, et je m’en félicite. C’est vrai aussi que le français a tort d’avoir été la langue du colonisateur. Mais qui peut dire que la colonisation n’avait que du négatif ?
Inutile de rappeler que c’est la colonisation qui -mis à part ses mauvais aspects- a fait que nos pays qui au départ n’étaient même pas des Etats-nations puissent atteindre le niveau de civilisation qu’ils ont aujourd’hui. Même si je conviens que beaucoup reste encore à faire.
Il existe environ 2 mille langues en Afrique, mais cette multitude linguistique n’a pas apporté le développement dans nos pays. Car chaque peuple avait sa langue ou son dialecte, et il n’ y avait pas moyen de communiquer avec d’autres peuples. Mais aujourd’hui grâce à la langue française, nous communiquons merveilleusement bien avec les autres peuples du monde. Ce n’était pas possible avec nos langues maternelles. Les échanges avec l’extérieur sont plus faciles en français que dans nos langues locales.
Moi par exemple je suis congolais. Je parle le tshiluba et le lingala, mais je suis à l’aise partout en Afrique francophone car je communique en français. Si je vais à Dakar au Sénégal par exemple, je ne suis pas obligé d’apprendre le wolof, le sérère, et les autres langues locales du Sénégal. La langue de Molière fait toute l’affaire.
S’il n’ y avait pas la francophonie, en quelle langue m’ exprimerais-je au Togo où l’on parle l’éwé et le kabiyé ? Ma soeur a aimé un ivoirien, l’un ne connaissant aucun mot de la langue de l’autre, mais ils vivent en français et ils ont déjà deux beaux gosses à Abidjan.
Ainsi, le français est une langue extraordinaire ; j’aime le parler avec l’accent de mon pays. J’aime l’entendre quand on grasseye ou quand on roule les r. Je suis francophone.
Surtout le français nous aide à faire connaître nos cultures locales dans le monde.
Je sais quelque chose de la culture du Mali, du Tchad ou de la Côte d’ivoire, simplement parce que j’ai entendu les hommes et les femmes de ces pays-là en parler en français. S’ils le disaient dans leurs langues maternelles, comment aurais-je pu le savoir ?
Chez-moi en République Démocratique du Congo, nous avons environ 250 langues maternelles. Chaque province a ses propres langues, mais c’est le français qui nous unit. Autrement, il m’aurait fallu apprendre toutes les 250 langues pour communiquer avec mes propres compatriotes !
D’abord, le fait que chez-nous le lingala et le swahili soient les langues les plus parlées dans l’armée et la police pose toujours problème et crée des frustrations. C’est parce qu’une langue représente une éthnie, et on craint qu’en parlant seulement le lingala ou le swahili ça consacre la suprématie d’une où de deux éthnies sur tant d’autres dans le pays. Et c’est vrai: car celui qui parle le lingala a toujours nourri un complexe de supériorité par rapport aux locuteurs d’autres langues maternelles.
Mais le français est neutre et c’est notre tronc commun. C’est une langue transversale. L’enseignement est en français, les droits de l’homme sont en français, l’administration est en français, la politique est en français…
Je soutiens la francophonie car le français m’a facilité beaucoup de choses dans la vie. Toutes les hautes technologies, si elles ne sont pas en anglais elles sont au moins en français. Et jusqu’à présent, il n’ y a pas encore de nouvelles technologies en tshiluba ma langue.
Ne me comprenez pas mal s’il vous plaît : je ne dis pas qu’il faille abandonner nos langues maternelles. Je suis de ceux qui croient fermement qu’elles doivent être valorisées. Mais à mon avis, pour mieux valoriser nos langues locales, il faut l’intervention d’une langue d’envergure internationale comme le français. Si vous refusez cela, sachez que votre langue maternelle ne sera utilisée que par vous-même.
En tout cas, moi je ne veux pas être comme les chinois et les japonais qui apprennent tout dans leurs langues maternelles, mais quand ils viennent en Afrique doivent trouver un interprète.
Pourquoi communiquer par interprète interposé alors que c’est plus facile d’être francophone ?
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