Ce 17 mai-là Laurent Kabila décidait que je redevienne congolais

Article : Ce 17 mai-là Laurent Kabila décidait que je redevienne congolais
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17 mai 2015

Ce 17 mai-là Laurent Kabila décidait que je redevienne congolais

Dans l’histoire de la RDC, il est toujours des souvenirs qui nous font frissonner d’émotion nous les congolais chaque fois que nous nous en rappelons. La date du 17 mai 1997 est un de ces souvenirs-là. Ce jour-là, un maquisard de 58 ans, Mzee Laurent Désiré Kabila devenait président du Zaïre. Pas par les urnes, mais par les armes. Avec une armée d’enfants soldats plus forts que les soldats adultes, il a eu le mérite de mettre fin à 32 ans de dictature infernale de l’unique Maréchal du pays : le président Mobutu. Personne n’avait cru cela possible.

Ce qui enfle encore plus l’émotion de ce 17 mai 1997 c’est surtout le fait que Mobutu avait dû fuir Kinshasa la veille. Représentez-vous tout un Maréchal président avec sa toque de léopard entrain de fuir une armée d’enfants soldats- les Kadogo. Imaginez-vous l’homme qui a terrorisé toute l’Afrique centrale et une partie du monde, mais entrain de se cacher comme un vulgaire fugitif !

La débandade était d’autant plus totale et spectaculaire parmi les caciques de son régime. Même ceux qui avaient déclaré qu’ « entre Mobutu et Jésus-Christ ils choisiraient Mobutu » finissaient par se rendre à l’évidence qu’il n’est jamais sage de se confier tant en un mortel.

A vrai dire, les propres prophéties de Mobutu s’accomplissaient sur lui-même. C’est bien lui qui avait déclaré lors de son discours à l’Assemblée générale de l’ONU en 1973, que : « un fruit ne tombe que quand il est mûr, mais devant l’ouragan de l’histoire, mûr ou pas mûr, le fruit tombe ». Eh oui, l’ouragan de la guerre de Mzee Kabila l’a fait tomber lui aussi.

Un autre motif d’émotion ce 17 mai 1997, c’est que ce jour-là le pays changeait d’appellation : Ce n’était plus le Zaïre, c’est désormais la République Démocratique du Congo. Par voie de conséquence, moi aussi je cessai d’être zaïrois, je devenais congolais. Je redevenais plutôt, car congolais je l’avais déjà été des avant l’indépendance et même après, jusqu’à ce que Mobutu nous a donné un autre nom. Le zaïre monnaie est devenu le franc congolais; le fleuve zaïre était rebaptisé fleuve congo.

L’émotion le 17 mai 1997 c’est aussi qu’avec Mzee Kabila, l’espoir d’un avenir meilleur renaissait, dans un pays si meurtri par 32 ans de pillage et de destruction massive.  Je me suis dit que certes on ne change pas l’histoire, mais on peut changer l’avenir. Comme le dit notre hymne national le Débout congolais : ‘’dressons nos fronts longtemps courbés, pour de bon prenons le plus bel élan dans la paix… nous batirons un pays plus beau qu’avant, nous peuplerons son sol et nous assurerons sa grandeur ‘’. Je croyais que le moment de le faire était-là le 17 mai.

Malheureusement en Afrique, les régimes changent mais la situation reste la même. L’alternance, qu’elle vienne par les urnes ou par les armes n’améliore rien en Afrique. On a beau changé le nom de mon pays, le nom du fleuve et de la monnaie, mais le développement n’a pas suivi. Mzee Kabila est retombé dans les mêmes erreurs qu’il avait combattues.

Pour commencer il a supprimé tous les partis politiques pour ne laisser que son mouvement à lui-seul, l’AFDL (Alliance des Forces Démocratiques de Libération) qui s’est muée plus tard en CPP (Comités des pouvoirs populaires). Ce fut donc un retour au parti unique parti-Etat. Les droits de l’homme étaient bafoués, exactement comme ce fut le cas du temps de Mobutu.

Deuxièmement Mzee Kabila a hypothéqué la souveraineté du pays, en cogérant le pays avec le Rwanda et l’Ouganda. Par exemple, le général rwandais James Kabarebe s’est vu confier les fonctions de Chef d’Etat-major des Forces Armées de la République Démocratiques du Congo. Telles 2 équipes de football jouant la finale sur un terrain neutre, les armées ougandaises et rwandaises se battaient sur le sol congolais pour le contrôle de l’or, faisant des milliers de morts congolais. Mais c’est Laurent Kabila qui les avait invitées au Congo.

L’adage  »qui tue par l’épée périra par l’épée  » finit toujours par s’accomplir : Mzee avait chassé Mobutu par les armes, lui aussi fut tué par les armes en janvier 2001. Il a laissé derrière lui des guerres interminables dont les effets existent jusqu’à ce jour.

Vive le 17 mai.

 

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