Le virus Ebola refait surface en République démocratique du Congo

Article : Le virus Ebola refait surface en République démocratique du Congo
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26 mai 2017

Le virus Ebola refait surface en République démocratique du Congo

En République démocratique du Congo, on sait toujours quand une épidémie commence, mais on ne sait jamais quand et comment elle va se terminer. Une nouvelle épidémie à virus Ebola s’est déclarée ces dernières semaines dans la localité d’Aketi en province du Bas-Uélé au nord-est du pays. C’est la huitième fois qu’Ebola refait son apparition en RDC. Déjà l’épidémie a ouvert son compteur macabre de morts. Chaque fois que le gouvernement congolais nous dit que Ebola est définitivement éradiqué, c’est alors que le virus refait surface pour prouver qu’il est toujours-là et qu’on ne peut rien contre lui. Le pays devient presque abonné à Ebola. L’appel est donc lancé à la communauté internationale d’intervenir pour sauver des vies. Le plutôt sera le mieux.

   

A ce jour, le rythme de propagation du virus est on ne peut plus inquiétant : 48 cas enregistrés à ce jour dont quatre décès en seulement deux semaines. Des morts de plus dans ce Congo où l’on dirait que tout est fait pour tuer ! Plusieurs autres personnes sont mises en quarantaine pour avoir eu des contacts corporels avec les malades ou pour avoir fréquenté la localité d’Aketi les jours ayant précédé le début de l’épidémie. En 2014, Ebola avait officiellement causé la mort de 49 personnes en République démocratique du Congo. Dommage que ce virus survive encore même en ce 21e siècle. Plus grave, il a été déclaré une urgence de santé mondiale par l’OMS.

Ebola est présenté comme l’épidémie la plus meurtrière de l’histoire. Entre 2014 et 2016, le virus, parti d’Afrique, a fait des victimes jusqu’aux Etats-Unis. Il ne fait de distinction ni de race, ni de sexe, ni de religion: la communauté internationale est avertie !

Ici en RDC, sur place à Aketi dans la zone de santé de Likati où s’est déclarée l’épidémie d’Ebola, une femme, voyant la souffrance des malades, s’est exclamée disant : « Il vaut mieux mourir du VIH/Sida que du virus Ebola ! »

La RDC, un réservoir d’Ebola ?

Depuis son apparition au Congo en 1976, Ebola semble avoir élu domicile dans notre pays. Le virus n’a jamais été éradiqué de manière définitive. La preuve, Ebola réapparait en RDC à des intervalles presque réguliers. Tout ce qu’on fait c’est juste enterrer ses victimes et laisser le virus en vie dans nos forêts. Aketi où sévit le virus c’est en pleine forêt équatoriale. Cette forêt congolaise, qui est la deuxième du monde après l’Amazonie, n’est plus seulement une richesse pour le Congo, elle est également le réservoir du virus Ebola, en ce sens que certains des animaux qu’elle abrite transmettent la maladie. C’est le cas des chimpanzés, des chauve-souris frugivores, etc. Bref ce que l’on appelle la « viande de brousse », dont raffolent les villageois, peut transmettre le virus Ebola. C’est dommage que notre forêt qui est une grande richesse soit aussi une source de cette grave maladie. D’aucuns se demandent si la forêt n’a pas elle-même créé ce virus pour se protéger des braconniers et pousser les humains à arrêter la déforestation qui s’accompagne toujours de la destruction aveugle de la faune et de la flore.

  

Quelles précautions prendre ?

Les populations vivant au contact de la forêt sont celles qui sont le plus exposées au virus. Ensuite, la propagation de la maladie vers les milieux urbains est facilitée par le trafic et les mouvements des populations, notamment les voyageurs et les commerçants qui vont et viennent dans ces milieux. Il est donc déconseillé de consommer de la viande d’animaux retrouvés morts ou malades. Egalement, éviter de manipuler les animaux qui vivent en forêt et mettre en quarantaine les personnes qui présentent des symptômes du virus. L’OMS ferait mieux de s’investir pour circonscrire rapidement la zone d’épidémie en vue de l’éradiquer le plus tôt possible, de peur que l’Afrique ne revive la tragédie de 2014 où le virus Ebola avait ravagé simultanément trois pays d’Afrique de l’Ouest, à savoir : la Guinée Konakry, la Sierra-Léone et le Libéria. Ces pays connaissent ce que Ebola veut dire. Plus de 11 000 morts dans ces pays. Si l’OMS ose compter sur le système sanitaire congolais, elle sera déçue et  beaucoup de personnes vont mourir du virus. Le système sanitaire congolais est inefficace et laisse beaucoup à désirer. La preuve :  le gouvernement congolais n’a jamais réussi à éradiquer le choléra qui sévit dans plusieurs localités du pays depuis près d’une décennie. A ce jour, on compte 15000 cas de choléra en République démocratique du Congo.

Un jeune homme qui a perdu sa sœur dès le début de l’épidémie accuse le gouvernement congolais de légèreté : « Nous n’avons pas de gouvernement au Congo. Les gens meurent du virus et de faim à Aketi. La contrée ne peut plus être fréquentée par des voyageurs et des commerçants à cause du virus, mais à la radio le ministre de la Santé minimise l’épidémie alors que j’ai perdu ma soeur ! » 

En attendant la mise au point d’un vaccin, le remède le plus efficace contre Ebola à ce jour c’est la précaution, la prévention et  la mise en quarantaine des patients ou des personnes ayant eu un quelconque contact avec les personnes ou les milieux du virus. C’est la seule manière de sauver des vies. Il a été aussi prouver que le virus Ebola vit très longtemps dans le sperme de l’homme. Cela veut dire que même après que l’épidémie est déclarée terminée, les malades mâles qui sont guéris d’Ebola peuvent continuer à garder le virus dans leur sperme. Voilà pourquoi ils doivent faire l’objet d’un suivi plusieurs mois après la fin déclarée de l’épidémie. Souvent ce genre de suivi fait défaut en République démocratique du Congo.

D’autres solutions possibles

Que faire si jamais les scientifiques ne parviennent pas à trouver un vaccin efficace contre la maladie ? Doit-on attendre qu’il y ait une nouvelle épidémie et de nouveaux morts ? A notre avis, l’heure est arrivée de proposer des mesures fortes pour que le pays n’enregistre plus jamais de nouvelles épidémies d’Ebola. Les populations doivent apprendre à changer de comportement. Le gouvernement doit interdire définitivement la consommation des viandes d’animaux connus comme étant les réservoirs du virus: chauves-souris, singes… Cela signifie qu’en période d’épidémie ou non, les gens ne doivent plus jamais consommer la viande de ce genre d’animaux. La consommation de telles viandes de brousse devrait être érigée en infraction punissable par la loi. C’est cela la solution qui serait la plus efficace tant qu’on aura pas trouvé de vaccin contre Ebola. Si l’OMS peut appuyer une telle mesure, ce serait une bonne chose. Certes, ce n’est pas facile : les Africains aiment la viande de brousse, mais à quoi sert-il d’en manger pour en mourir après ? Il y a lieu de se tourner vers d’autres types de viandes, les poissons par exemple.

L’autre solution serait de ne plus jamais se saluer en se serrant les mains, et ce, qu’il y ait épidémie ou pas. Là encore, ce n’est pas facile d’abandonner cette habitude universelle qui date des millénaires, mais c’est le prix à payer pour empêcher la propagation du virus Ebola. Plein de maladies de mains sales peuvent se transmettre rien qu’en se serrant les mains en guise de salutation. Se saluer en agitant la main à distance avec un sourire est parfois plus gentil que de le faire en se touchant les mains et se faire contaminer.

 

Le gouvernement congolais doit tout faire pour bouter dehors cette épidémie d’Ebola qui semble avoir fait du Congo son  bastion naturel. La réapparition fréquente de ce virus en RDC nuit à l’image du pays et de l’Afrique. Ebola est devenu une menace mondiale : le monde ferait mieux d’éteindre rapidement ce feu qui risque d’embraser à nouveau l’Afrique.

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