Burundi : Agathon Rwasa, un opposant essoufflé

6 août 2015

Burundi : Agathon Rwasa, un opposant essoufflé


AGATHON RWASA ph Jeune Afrique ph Jeune Afrique

Agathon Rwasa

La marche pour arriver au pouvoir n’est pas facile, surtout quand on a choisi d’être opposant. Pas étonnant que beaucoup abandonnent en route. Semble-t-il l’opposant burundais Agathon Rwasa est l’un d’eux. D’autres mêmes meurent avant de voir le palais présidentiel.

Quand vous voyez un opposant autrefois farouche, devenir subitement silencieux et très gentil avec le régime en place, c’est simple : cela signifie que tous ses ustensiles viennent juste d’être remplis par le pouvoir. Par ustensiles, j’entends: ses poches, sa bouche, ses comptes en banque, etc.

Qui pouvait imaginer Agathon Rwasa rester calme et ne rien dire face à la tentative d’assassinat du militant des droits de l’homme Pierre-Claver Mbonimpa et à l’agression du correspondant de RFI Esdras Ndikumana !

Agathon Rwasa s’est discrédité de la manière la plus ridicule. En réalité, il s’est essoufflé: il pensait qu’il était peut-être un grand opposant et qu’il n’allait pas tarder à diriger le Burundi à l’issue de la présidentielle de juillet 2015, mais c’était sans compter avec le jusqu’au-boutisme de l’apôtre Pierre Nkurunziza.

Maintenant que Nkurunziza a réussi son coup du 3e mandat, Agathon Rwasa ne sait plus attendre 2020 année de fin du 3e mandat pour se représenter encore. Et qui sait si même en 2020 Nkurunziza ne demandera pas encore un 4e mandat ?

Rwasa s’est vite essoufflé dans la course. Il a pris donc un raccourci. Et coup de théâtre: lui qui méritait la présidence du pays, se contente désormais d’un bien maigre poste de vice-président de l’Assemblée nationale. Poste que d’ailleurs lui ont offert gracieusement les députés de Nkurunziza.
Par ce revirement, Agathon Rwasa a surpris tout le monde. A commencer par ses propres partisans ainsi que ses camarades de l’opposition qui comptaient sur lui pour résister à ce ridicule 3e mandat de Nkurunziza.

En réalité, Agathon Rwasa a fait tout haut ce que la plupart des opposants africains ont toujours fait tout bas. Il a simplement démontré que la lutte qu’il menait n’était pas pour la démocratie et le bien-être du Burundi, mais plutôt pour son intérêt égoïste et personnel. Il cherchait un emploi, il l’a eu et il s’est tu ! Ses nombreux partisans n’ont eu que leurs yeux pour constater la trahison.

En Afrique, quand les opposants échouent aux élections ou que des voix leur ont été volées, on a pu en voir plus d’un  s’autoproclamer président élu. Étienne Tshisekedi l’a fait en République démocratique du Congo, André Mba Obame au Gabon, Alassane Ouattara en Côte d’Ivoire.

Curieusement, au Burundi, l’opposant Rwasa n’a même pas osé contester la victoire de Nkurunziza. D’abord il avait déjà cessé de condamner l’idée même d’un 3e mandat. Il n’allait plus aux réunions de l’opposition… Bref, tout était clair qu’il s’était déjà vendu au régime.

Cela me fait dire que ce que nous avons en Afrique, ce n’est pas tant une crise financière, mais plutôt une crise d’hommes. Ces opposants africains ne sont vraiment pas à la hauteur et n’inspirent pas confiance.

Si Agathon Rwasa était Nelson Mandela, je crois qu’il se serait rapidement soumis au régime d’apartheid. Le régime même qui persécutait son peuple. Rwasa n’aurait pas accepté de tenir bon pour endurer 27 longues années de prison comme l’a fait courageusement Madiba.

Pour leur salut, les Burundais ne devront plus compter que sur le Bon Dieu.

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