RDC : pourquoi les filles se prostituent ?

Article : RDC : pourquoi les filles se prostituent ?
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28 janvier 2019

RDC : pourquoi les filles se prostituent ?

Il y a une trentaine d’années, le mot « vierge » pouvait encore s’appliquer à plusieurs femmes et jeunes filles au Congo. À l’époque, la moralité avait encore des adeptes. Mais de nos jours, la prostitution juvénile a atteint des proportions telles que trouver une fille vierge à Kinshasa relève d’un miracle. Même chose pour des garçons chastes. Filles et garçons connaissent le sexe parfois à 12 ou 13 ans.

En matière d’amour, le plaisir veut que quand tu as déjà goûté au sexe une première fois hors mariage, tu aies envie de goûter une deuxième fois, puis une troisième, une quatrième… Finalement tu deviens fan, l’habitude faisant loi. Ainsi commence la prostitution chez les jeunes filles.

Multiples causes de la prostitution des jeunes filles  

Parmi les causes, il y a non seulement l’envie de découvrir le plaisir sexuel, mais aussi et surtout l’extrême pauvreté des jeunes filles. Faute de moyens, elles livrent leurs sexes pour vivre survivre. Ange, une étudiante explique : « Beaucoup de filles viennent de familles très pauvres. J’en connais deux ou trois qui ne pouvaient même pas s’acheter un nouveau sous-vêtement ou même de simples linges hygiéniques. Des garçons les ont aimées et ont commencé à leur offrir des cadeaux : un peu d’argent, un téléphone, une montre, des bijoux… Et quand un garçon te donne de tels cadeaux régulièrement, c’est difficile de lui résister lorsqu’il demande de coucher avec toi. C’est comme ça que beaucoup de jeunes filles sont devenues des prostituées. »

À Kinshasa, une fille peut avoir à elle seule quatre ou cinq mecs, répartis dans les différentes communes de la ville. Un à Barumbu, un autre à Kintambo, à Ngaba ou à Kingasani. Une manière pour elle de maximiser les recettes. Et elle sait bien les gérer au téléphone. Kinshasa est tellement vaste que tous ces garçons ne se rencontreront peut-être jamais pour savoir qu’ils partagent une même pouliche. C’est ainsi qu’on peut retrouver à Kinshasa une fille non mariée mais mère de trois ou quatre enfants. Chaque enfant ayant son propre père !

Pour Mélanie, c’est la faute aux hommes qui veulent goûter à  tous les plats. « Quand une jeune fille est belle et charmante, tous les garçons courent derrière. Et à force d’être sollicitée, la fille finit par céder. Ne dit-on pas qu’une femme trop belle est comme un manguier planté au bord de la route et portant des mangues mûres. Tous les passants veulent cueillir », ironise Mélanie.

Parfois, ce sont les parents eux-mêmes qui poussent leurs filles à la prostitution. Quand ils sont incapables de nourrir leurs enfants, ils disent aux filles : « Débrouillez-vous ! » En d’autres termes, « vous avez le sexe comme marchandise. Monnayez-le ! ».

Vasthi une fille de la rue à Mbujimayi raconte son histoire : « Après la mort de mon père, ma mère ne savait plus nous prendre en charge. Nous étions quatre enfants et j’étais la seule fille. Un jour, maman me dit : « Tu es quel genre de fille, toi ? À quoi sert ta beauté si les hommes ne te suivent pas ? Tu vas te débrouiller,  non ? » C’est ainsi que j’ai eu mes premiers rapports sexuels à 14 ans. »

Dans la plupart des cas, c’est la pauvreté qui poussent les filles à la prostitution. L’État peut-il réduire la pauvreté dans nos familles…

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