Jean-Hubert BONDO

Sepp Blatter et Nkurunziza c’est la même chose

       Blatter

Une chose m’étonne: quand au Burundi, Pierre Nkurunziza cherche un 3e mandat, tout le monde le lui conteste violemment; mais à la Fifa, Blatter vient d’inaugurer son 5e mandat, on trouve cela normal. Bien sûr foot et politique c’est différent, me direz-vous. Mais selon moi, à voir les conditions dans lesquelles le président de la Fifa a obtenu ce 5e mandat, sachant qu’il est désavoué par plusieurs fédérations du monde dont celle des Etats-Unis et de l’UEFA de Michel Platini, il y a lieu de comparer la Fifa à la situation au Burundi.

Voyons si ça ne se ressemble pas. Ici le président Pierre Nkurunziza fait face à une forte contestation de la rue et d’une partie de l’armée qui lui a même fait un coup d’état manqué, mais contre vents et marrées il maintient sa candidature pour un 3e mandat. Blatter aussi, malgré les faits présumés de corruption qui pèsent sur la Fédération Internationale de Football Association, il a persisté et s’est fait maintenir en place dans ces élections Fifa souvent jouées d’avance.

Comme au Burundi où Pierre Nkurunziza dirige aujourd’hui par défi, à la Fifa aussi Blatter ne fait pas l’unanimité. Il souffrira longtemps d’une crise de légitimité quand on sait que des fédérations aussi fortes que celles d’Europe ne le portent plus dans le coeur. A mon avis, le mieux à faire pour Blatter ou pour Nkurunziza c’est de simplement démissionner, car ils ne sont pas les seuls cailloux sur la plage.

Démissionner après être éclaboussé par un scandale est une culture qui n’existe pas en Afrique, mais en Europe on a des dizaines d’exemples de démissions de ce genre. Alors en refusant de démissionner, Blatter s’est comporté vraiment comme un africain.


Pauvres journalistes congolais

                                                            photo Christophe Raynaud De Lage

Ceci vaut une sonnette d’alarme: le journaliste congolais est en péril côté conditions de travail. A Kinshasa ça va encore un peu parce que c’est la capitale. Mais venez voir en province le genre de journalistes et de maisons de presse que nous avons: pauvres jusqu’au sous-vêtements! Je sais de quoi je parle, car moi-même je suis journaliste et je vois cela se passer sous mes yeux.

Je ne parle pas de la liberté de la presse: nul n’ignore qu’être journaliste en RDC relève du parcours de combattant ou encore du chemin de la croix. Chez-nous, on assassine les journalistes; les plus chanceux on les met en prison. Et vous savez, les prisons de chez-nous ce n’est pas comme celles de La Haye. Certes la liberté de la presse existe un peu, mais c’est une de ces libertés surveillées et assises sur un strapontin. Une liberté semblable à celle d’un aigle dans une cage.

Je doute fort que les confrères journalistes occidentaux qui font si bien leur travail le fassent correctement chez-nous s’ils étaient placés dans les conditions qui sont les nôtres au Congo.

Pour commencer, la grande majorité de journalistes congolais n’ont pas signé de contrat de travail avec les organes de presse qui les emploient. Surtout dans les organes de presse privés. Vous avez des journalistes qui vous comptent 5, 6 ans dans une maison de presse sans aucun contrat de travail signé.

Et parce qu’ils n’ont pas de contrat de travail, leur emploi n’est pas du tout sécurisé. Conséquences: on peut révoquer le journaliste n’importe quand, n’importe comment, sans préavis et par n’importe qui. Juste un coup de fil suffit pour te dire: « Monsieur, madame ou mademoiselle, désormais ne mets plus tes sales pieds ici, tu es révoqué ».

Chez-nous, la femme du propriétaire de la chaîne de télévision commande par téléphone. Quand une émission qui passe ne lui plaît pas, elle appelle le chargé des programmes TV et lui dis:  » arrête-moi cette putain d’émission, mets-moi un film nigérian ou le catch américain ». Si vous traînez à lui mettre son film nigérian, elle débarque elle-même à la maison de la radio et vous suspend!

L’autre conséquence de la non- signature des contrats de travail, c’est qu’à la fin du mois, le journaliste n’a pas droit au salaire. Ce qui fait qu’il doit vivre de la mendicité sur les sources d’information. Chez-nous, ce phénomène s’appelle coupage, c’est-à-dire que la source d’information me paie en billets de banque pour que je grossisse, modifie ou dénature l’information en sa faveur. Figurez-vous que sans ce fameux coupage, le journaliste congolais n’existe pas, car il n’a pas de salaire.  L’un d’eux me disait: « cher ami, c’est le coupage qui nous fait vivre; cette voiture et cette belle veste que tu vois, je ne les aurais pas eues autrement! »

C’est ainsi qu’en RDC, vous verrez que presque chaque journaliste est accrédité ou attaché de presse quelque part: attaché de presse d’un député, d’un chef d’entreprise, d’un parti politique, d’une église… Bref, c’est de ces gens-là que le journaliste tire son pain quotidien, au détriment de l’impartialité et du professionnalisme qu’exige son travail.

Une autre chose: la plupart des organes de presse sont eux-mêmes très pauvres, misérables et non viables. Ils poussent comme des champignons à travers le pays. A mon avis, l’Etat congolais est très fautif dans ce secteur: il accorde les autorisations de parution aux journaux et les fréquences aux chaînes de radio et de télévision, sans au préalable vérifier leur viabilité.

C’est ainsi que vous avez en RDC des centaines de chaînes de radio et de télévision qui font la honte du journalisme. Dès que l’on a juste un micro et une batterie, on aménage un container et la radio commence ! Juste un petit mixeur et une caméra du reste pas professionnelle, la télévision commence ! Et on recrute les journalistes. Pourtant, les promoteurs de ces médias n’ont même pas un capital de départ ne serait que pour assurer la maintenance des matériels, comment donc vont-ils payer le personnel ?

Je me demande si certains journalistes méritent de l’être. Je suivais l’un d’eux présenter le journal d’information à la radio: d’abord il a une mauvaise voix, il tousse au micro, il lit mal ses propres papiers, il fait de mauvaises liaisons en français et il se trompe même 10 fois dans un seul papier. Quand il retransmet en direct un match de football au stade et qu’il y a des incidents, lui même participe aussi au jet de projectiles.

Il y a aussi des chaînes de radio créées uniquement pour des besoins électoralistes; une fois que les élections passent, la radio disparaît! Et le personnel est jeté dans la rue. C’est ce genre de radios qui étaient à l’origine des violences pendants les élections de 2011, en donnant des informations non vérifiés sur les urnes, les bulletins de vote, les centres de compilations des résultats, etc.

Mais il faut aussi avouer qu’il existe bel et bien de très bons journalistes et de vrais organes de presse en RDC. Même s’ils ne sont pas nombreux, ils fournissent des efforts pour faire un travail professionnel. Nous les félicitons et les encourageons à persévérer.


Se disputer même une tombe : ça existe chez nous

Vous savez chez-nous au Congo, se disputer et tout contester, fait partie de l’identité nationale. Voilà que nous nous disputons même les tombes!

La scène que je vais vous conter s’est passée après 3 jours de deuil, lorsque la dépouille mortelle d’un médecin du nom de docteur Mutombo devait être inhumée un après-midi. De son vivant, ce docteur était enseignant dans plusieurs facultés de médecine des universités locales. Cette histoire n’est pas une fiction, c’est une histoire réelle qui a eu lieu récemment dans la petite ville de Mbujimayi au centre de la RDC.

Au cimetière, les fossoyeurs avaient déjà creusé la tombe du docteur. Si vous ne le savez pas peut-être: une tombe chez nous c’est simplement ouvrir légèrement la terre, vous mettre dedans et la refermer. C’était ce genre de tombe là. Pas étonnant que de la RDC proviennent souvent des nouvelles comme celle de la fosse commune de Maluku.

Loin de moi d’exagérer : les mieux nantis arrivent quand même à se procurer une belle tombe bien creusée, profonde et bien construite. Seulement voilà, la tombe du médecin n’était pas comme ça, ce qui témoigne du mauvais traitement réservé aux enseignants d’universités en RDC.

Le moment venu, le cortège funèbre du docteur Mutombo arrive au cimetière. Les étudiants de toutes les universités sont là en train de le pleurer et de sangloter. Mais dès qu’ils ont vu la tombe, ils se sont révoltés. Selon eux, inhumer ce professeur d’université dans une telle tombe si malheureuse, c’est l’humilier à titre posthume. Les filles surtout étaient très remontées; elles se sont mises à vociférer contre les autorités et contre les membres de la famille biologique du docteur.

Au bout d’un moment, les étudiants aperçoivent une autre tombe, mais celle-là bien construite et qui attendait de recevoir le soir même la dépouille d’un directeur d’ entreprise.  »Voici la tombe qui convient à notre prof, » s’écrient les étudiants. Comme une blague, ils s’emparent de cette tombe d’autrui et y mettent le corps du médecin. Au même moment, les propriétaires de la tombe arrivent avec leur mort à enterrer. Où est notre tombe ? demande l’un d’eux. Les étudiants leur indiquent la tombe qu’eux même avaient abandonnée, et leur disent :  » Euh! Plantez votre mort là-bas, ici nous avons déjà mis le professeur. »

– Pas question, répliquent les propriétaires de la tombe, exhumez votre mort, nous mettons le nôtre à sa place.

Comme personne ne voulait entendre l’autre, la bagarre s’engagea en plein cimetière. Utilisés comme des projectiles, les crucifix en bois volaient dans tous les sens. Mais l’autre camp n’a pas pu résister, car les étudiants étaient plus nombreux.

Bref, jusqu’à ce jour, le corps du médecin repose dans une tombe qui ne lui était pas destinée. L’autre mort fut enterré dans la tombe laissée par les étudiants.

Cela me rappelle une histoire de la Bible dans le livre de Jude verset 9 qui dit :  » Satan et l’archange Michaël se disputaient le corps de Moïse ». Mais dans notre histoire ici, on se dipute une tombe. Alors qui est Satan et qui est l’Archange Michaël ?

 

 


Ce 17 mai-là Laurent Kabila décidait que je redevienne congolais

Dans l’histoire de la RDC, il est toujours des souvenirs qui nous font frissonner d’émotion nous les congolais chaque fois que nous nous en rappelons. La date du 17 mai 1997 est un de ces souvenirs-là. Ce jour-là, un maquisard de 58 ans, Mzee Laurent Désiré Kabila devenait président du Zaïre. Pas par les urnes, mais par les armes. Avec une armée d’enfants soldats plus forts que les soldats adultes, il a eu le mérite de mettre fin à 32 ans de dictature infernale de l’unique Maréchal du pays : le président Mobutu. Personne n’avait cru cela possible.

Ce qui enfle encore plus l’émotion de ce 17 mai 1997 c’est surtout le fait que Mobutu avait dû fuir Kinshasa la veille. Représentez-vous tout un Maréchal président avec sa toque de léopard entrain de fuir une armée d’enfants soldats- les Kadogo. Imaginez-vous l’homme qui a terrorisé toute l’Afrique centrale et une partie du monde, mais entrain de se cacher comme un vulgaire fugitif !

La débandade était d’autant plus totale et spectaculaire parmi les caciques de son régime. Même ceux qui avaient déclaré qu’ « entre Mobutu et Jésus-Christ ils choisiraient Mobutu » finissaient par se rendre à l’évidence qu’il n’est jamais sage de se confier tant en un mortel.

A vrai dire, les propres prophéties de Mobutu s’accomplissaient sur lui-même. C’est bien lui qui avait déclaré lors de son discours à l’Assemblée générale de l’ONU en 1973, que : « un fruit ne tombe que quand il est mûr, mais devant l’ouragan de l’histoire, mûr ou pas mûr, le fruit tombe ». Eh oui, l’ouragan de la guerre de Mzee Kabila l’a fait tomber lui aussi.

Un autre motif d’émotion ce 17 mai 1997, c’est que ce jour-là le pays changeait d’appellation : Ce n’était plus le Zaïre, c’est désormais la République Démocratique du Congo. Par voie de conséquence, moi aussi je cessai d’être zaïrois, je devenais congolais. Je redevenais plutôt, car congolais je l’avais déjà été des avant l’indépendance et même après, jusqu’à ce que Mobutu nous a donné un autre nom. Le zaïre monnaie est devenu le franc congolais; le fleuve zaïre était rebaptisé fleuve congo.

L’émotion le 17 mai 1997 c’est aussi qu’avec Mzee Kabila, l’espoir d’un avenir meilleur renaissait, dans un pays si meurtri par 32 ans de pillage et de destruction massive.  Je me suis dit que certes on ne change pas l’histoire, mais on peut changer l’avenir. Comme le dit notre hymne national le Débout congolais : ‘’dressons nos fronts longtemps courbés, pour de bon prenons le plus bel élan dans la paix… nous batirons un pays plus beau qu’avant, nous peuplerons son sol et nous assurerons sa grandeur ‘’. Je croyais que le moment de le faire était-là le 17 mai.

Malheureusement en Afrique, les régimes changent mais la situation reste la même. L’alternance, qu’elle vienne par les urnes ou par les armes n’améliore rien en Afrique. On a beau changé le nom de mon pays, le nom du fleuve et de la monnaie, mais le développement n’a pas suivi. Mzee Kabila est retombé dans les mêmes erreurs qu’il avait combattues.

Pour commencer il a supprimé tous les partis politiques pour ne laisser que son mouvement à lui-seul, l’AFDL (Alliance des Forces Démocratiques de Libération) qui s’est muée plus tard en CPP (Comités des pouvoirs populaires). Ce fut donc un retour au parti unique parti-Etat. Les droits de l’homme étaient bafoués, exactement comme ce fut le cas du temps de Mobutu.

Deuxièmement Mzee Kabila a hypothéqué la souveraineté du pays, en cogérant le pays avec le Rwanda et l’Ouganda. Par exemple, le général rwandais James Kabarebe s’est vu confier les fonctions de Chef d’Etat-major des Forces Armées de la République Démocratiques du Congo. Telles 2 équipes de football jouant la finale sur un terrain neutre, les armées ougandaises et rwandaises se battaient sur le sol congolais pour le contrôle de l’or, faisant des milliers de morts congolais. Mais c’est Laurent Kabila qui les avait invitées au Congo.

L’adage  »qui tue par l’épée périra par l’épée  » finit toujours par s’accomplir : Mzee avait chassé Mobutu par les armes, lui aussi fut tué par les armes en janvier 2001. Il a laissé derrière lui des guerres interminables dont les effets existent jusqu’à ce jour.

Vive le 17 mai.

 


Redécoupage territorial en RDC : de nouveaux germes d’instabilité

On craignait que le redécoupage territorial de la RDC en nouvelles provinces ne réveille les vieux démons de tribalisme. C’est apparemment ce qui est en train d’arriver, avant même que le redécoupage n’entre en vigueur.

Dans la province du Kasaï oriental par exemple, le territoire de Ngandajika peuplé des populations de langue Luba refuse d’appartenir à la future province de Lomami. Motif : cette future province de Lomami sera constituée en majorité des populations d’autres tribus et d’autres langues que les leurs.

Déjà les ressortissants de Ngandajika font signer une pétition à déposer à l’Assemblée nationale, pétition portant leur refus de faire partie de la province de Lomami. On parle d’un million de signatures déjà recueillies.

Toujours dans la province du Kasaï oriental, deux villes : Lusambo et Lodja se disputent le statut de chef-lieu de la future province du Sankuru. Jusque-là, c’est Lusambo qui en était le chef-lieu. Mais récemment les élus locaux de Lodja veulent que désormais ce soit Lodja. Les rivalités ethniques dans cette partie de la RDC sont telles qu’il y a lieu de craindre le pire, surtout à l’approche des élections.

Le Sankuru est une entité territoriale où les populations tetela sont en conflit latent et où les guerres à la machette et les incendies criminels d’habitations sont récurrents. Généralement, ces conflits tribaux sont ravivés par des politiciens vivant à Kinshasa et qui tirent les ficelles.

La situation est pareille dans plusieurs autres provinces à redécouper. Un député a même appelé sa tribu à ne pas payer de taxes et impôts avant que les nouvelles provinces n’entrent en vigueur.

Au gouvernement d’ouvrir l’oeil et le bon pour ne pas replonger le pays dans de violences ethniques et les conflits de terre.


Le Burundi inaugure en force la série de 3e mandats en Afrique

Pierra Nkurunziza photo le Monde et AFP

                                    photo le Monde et AFP

Le syndrome burkinabé n’a apparemment rien enseigné au président burundais arrivé fin 2e mandat. Malgré la désobéissance civile dans son pays et les appels de l’opposition et de la communauté internationale à ne pas se représenter la 3e fois, Pierre Nkurunziza a quand même décidé d’y aller. La désobéissance civile n’est rien pour lui aussi longtemps que l’armée obéit.

L’homme fort de Bujumbura a donc choisi le passage en force. En juin prochain, date de la présidentielle, il sera le 1er chef d’Etat à donner l’exemple d’un 3e mandat en Afrique après la chute de Blaise Compaoré. Si jamais cela lui réussit, ce sera un malheureux exploit de sa part. Un exploit qui sera bien facile à copier dans les autres pays africains comme la RDC, le Congo Brazzaville, le Rwanda, le Tchad, etc. Dans ces pays, les présidents sortants n’attendaient peut-être qu’un courageux qui puisse donner l’exemple comme Nkurunziza.

Mais le président burundais sortant doit savoir qu’il vient de s’engager sur un chemin vers l’inconnu. L’inconnu risque d’être peut-être sa fin tragique et sa chute fracassante. Le 3e mandat on sait quand il peut commencer mais on ne sait pas comment il pourra se terminer. Pierre Nkurunziza ferait mieux de demander conseil à Laurent Gbagbo, car bientôt il risque de se retrouver avec lui à la Haye.

On peut violer une femme et se tirer d’affaire, mais on ne peut violer infiniment la constitution et rester impuni dans le contexte géopolitique actuel de l’Afrique en général et du Burundi en particulier. Pendant que le président burundais avance vers son 3e mandat, son pays le Burundi recule en démocratie, en stabilité, en économie et même en réputation!

Monsieur Nkurunziza, le monde a honte des dirigeants comme vous. Là où vos homologues africains actuellement à la fin de leurs 2e mandats ont peur, vous, vous avez osé. Pensez-vous que c’est du courage ? Non, c’est plutôt un suicide.

Vous avez chié sur la constitution et les accords d’Arusha. Le sang de vos compatriotes tombés sous les balles de la répression de vos hommes ne vous fait même pas réfléchir. Allez-y excellence, l’avenir nous le dira.


Le retour de l’horreur dans la région de Beni

     images-massacre_tuerie_morts_880075184images (3) 

Horreur ! On avait presque oublié cette vieille chanson du Nord-Kivu. On les avait cru vaincus par l’armée dans la ville de Beni: ces impitoyables rebelles ADF-NALU sans coeur, sans foi ni loi.

Pour leur réapparition, les terroristes ougandais de l’ADF-NALU (Forces démocratiques alliées) viennent de signer un nouveau massacre à leur palmarès. C’est leur façon d’être à la page. Un massacre dont l’horreur et les atrocités sont devenues leur identité. 22 personnes tuées à la machette à Beni, et c’est encore un bilan provisoire. Au nombre des victimes figurent des enfants et des femmes enceintes ! Cela se passe dans un pays où la Monusco a déployé près de 20 mille casques bleus.

Les ADF-NALU ne sont autres que de véritables diables rebelles ougandais musulmans qui ont envahi l’est du Congo. Là encore je suis désolé que le mot musulmans rime toujours avec la violence et le terrorisme. Les ADF sont des terroristes dont la différence est qu’ils ne se font pas exploser par des ceintures d’explosifs comme Boko haram ou les shebabs. L’arme favorite  des ADF-NALU c’est la machette, le pilon, etc. Leur album photos dans l’est de la RDC ne présente que des civils congolais égorgés, violés, décapités, brulés vifs… Sans compter les cases incendiées.

Depuis octobre 2014, Beni est une ville martyr parmi d’autres dans la province du Nord-Kivu. Pour ceux qui ne connaissent pas l’est de la RDC, c’est une région où la guerre est la règle, et la paix l’exception. C’est l’habitacle des groupes armés étrangers. Autrement dit, si les mouvements rebelles de votre pays n’ont pas de place chez-vous, ils viennent s’installer en RDC. C’est ce qu’ont fait les rwandais des FDLR, les burundais des FNL, les ougandais des ADF-NALU ou la LRA de Joseph Kony.

Pourquoi la communauté internationale laisse Beni et le Nord-Kivu descendre si bas en enfer ? Au lieu de s’apitoyer éternellement sur les 421 corps de la fausse commune de Maluku, la communauté internationale ferait mieux de s’occuper d’abord des congolais encore vivants mais qui aujourd’hui ne savent à quel saint se vouer vis-à-vis de l’insécurité et des atrocités dont ils sont victimes à Beni et ailleurs dans l’est du pays.

Chaque jour le sang est versé. Qui sauvera les congolais ? Je crois que ce ne sont ni la communauté internationale ni la Monusco(Mission de l’Onu pour la Stabilisation du Congo), mais ce sera nous-mêmes.

En attendant que vienne notre salut, nous n’oublions pas qu’au moins 30 personnes ont été enlevées mercredi et amenées dans la forêt par les combattants hutu rwandais des FDLR à Rwindi dans le territoire de Rutshuru au Nord-Kivu. C’est ça la RDC.


Racisme et xénophobie en Afrique du Sud

                     XENOPHOBIE EN RSA ph AFP 

                                                                         photo AFP

Quand on parle du racisme, on n’accuse que les Blancs qui n’aiment pas la peau noire; pourtant l’inverse existe aussi.

Il me semble qu’aujourd’hui les Sud-Africains noirs cherchent eux aussi à instaurer un nouvel apartheid en Afrique du Sud, un apartheid des Noirs contre les Blancs ou carrément contre les étrangers. Ils s’en prennent aujourd’hui à tout ce qui représente l’histoire des Sud-Africains blancs. Les monuments des leaders blancs sont déboulonnés les uns après les autres, avec une violence qui ne peut s’expliquer que dans le racisme. C’est comme si seuls les Noirs ont droit au respect de leur histoire et pas les Blancs.

Même s’il est logique que les monuments qui représentent l’oppression doivent disparaître, mais on ne peut pas dire que tous les vestiges des Afrikaners qu’on est en train de détruire aujourd’hui représentaient toujours la domination blanche. Le néo apartheid en Afrique du Sud aujourd’hui est noir.

En plus, à ce mépris des symboles blancs, les Noirs ont ajouté la pire xénophobie. Quelqu’un leur a fait croire que s’ils n’ont pas d’emplois, c’est parce que tous les emplois disponibles sont occupés par des étrangers. Donc il faut renvoyer les étrangers.

L’appel à chasser les étrangers vivant en Afrique du Sud a été lancé par le roi traditionnel des Zoulous. Reprenant en choeur cet appel, les Sud-Africains noirs sont passés à l’acte contre les étrangers avec la même violence aveugle qui a toujours caractérisé les Zoulous depuis l’époque du parti Inkhata de Mangosuthu Buthelezi.

La tribu des Zoulous est-elle en train de devenir le nouveau Front national version sud-africaine ? C’est facile de faire cette comparaison.

Ce qui est décevant c’est que Nelson Mandela est mort en 2013, mais déjà les Sud-Africains noirs semblent avoir tout oublié de son combat. Est-ce qu’ils peuvent encore se rappeler qu’à sa sortie de prison, Madiba déclarait  » qu’il ne s’était pas battu pour asseoir une domination des Noirs sur les Blancs ou d’une race sur une autre, mais que plutôt son combat était pour une Afrique du Sud où tout le monde (blanc, noir, métis) jouit des mêmes droits ».

C’est vraiment dommage qu’aujourd’hui, l’appellation nation arc-en- ciel perde son sens. Et la situation risque d’aller empirant. Si bien qu’on ne sera pas loin de la vérité si on ose dire que le premier président noir d’Afrique du Sud a souffert en vain.

A voir le degré de xénophobie dans le pays, le roi traditionnel des Zoulous le bien mal nommé Goodwill Zwelithini devrait à mon avis être poursuivi en justice, car c’est lui qui a appelé à chasser les étrangers.  Curieusement ces violences sont menées par des Sud-Africains noirs contre des étrangers noirs !

Les plus visés parmi les étrangers sont les Congolais, les Zimbabwéens, les Ethiopiens. Les Congolais de RDC ont tout perdu. Leurs biens ont été pillés, leurs habitations incendiées. Un des deux Ethiopiens brûlés vifs est décédé.

Non, il faut que les Sud-Africains noirs reviennent à de meilleurs sentiments. Ils n’ont pas le droit de détruire l’héritage de Mandela.


Qui dirige la RDC: le gouvernement congolais ou la Monusco ?

Les casques bleus en RDCLes casques bleus en RDC

Les casques bleus en RDC

Un Etat ne peut avoir au même moment deux centres de pouvoirs parallèles ou deux puissances publiques concurrentes. Pourtant ça semble être le cas aujourd’hui avec la Monusco en RDC.

La Monusco (Mission de l’ONU pour la stabilisation du Congo) n’est plus une simple mission de pacification qu’elle devait être, elle est devenue un pouvoir d’Etat à part entière, un pouvoir qui porte ombrage à l’Etat congolais. Cela est d’autant plus mal vu par une bonne frange de Congolais surtout lorsque le bilan même de la Monusco est très controversé en 15 ans passés en RDC.

Plusieurs fois, il est arrivé que le gouvernement congolais décide une chose, et la Monusco de son côté décide exactement le contraire ! Souvent ce que la Monusco décide s’applique. Si bien que d’aucuns se demandent qui gouverne la RDC aujourd’hui ? Est-ce le gouvernement congolais ou la Monusco ?

Récemment, à la surprise générale, la Monusco a obligé la RDC à remplacer 2 généraux congolais dans la direction des opérations militaires contre les combattants hutu rwandais des FDLR, chose que Kinshasa a catégoriquement rejetée au nom de la souveraineté du pays. En conséquence, la Monusco a décidé de ne pas participer à la traque des FDLR, ce qui est un manquement à ses obligations, car la neutralisation des groupes armés fait partie de son mandat.

Autre exemple, après la défaite de la rébellion du M23, Kinshasa avait décidé de combattre les rebelles ougandais des ADF-Nalu, mais la Monusco s’était opposée énergiquement en disant que les ADF-Nalu n’étaient pas une priorité et que pour elle, il fallait plutôt combattre les FDLR. Pourtant, la suite des événements a donné raison au gouvernement congolais, car les ADF-Nalu ont été à l’origine de véritables carnages et de graves atrocités sur les populations civiles dans la ville de Béni et ses environs. On avait dénombré plus de 300 personnes abattues aux armes blanches, sans compter les maisons incendiées et les plantations ravagées.

La vérité est qu’à l’heure actuelle, la Monusco devient une véritable épine sous le pied de la souveraineté de la République démocratique du Congo. Ne serait-ce que par effet domino, sa présence affaiblit et contrecarre l’autorité du gouvernement congolais. Ce qui est choquant c’est que la Monusco n’a même pas un chronogramme clair d’activités à réaliser année par année dans le cours, moyen et long terme pour être évaluée sur le résultat afin d’envisager son retrait : on ne connaît pas ce qu’elle fera en 2018, 2022 ou 2025. Donc la Monusco est là comme ça.

Il est vrai que nul en RDC ne peut ignorer les bienfaits de l’action de la Monusco; sa présence a permis d’organiser deux fois les élections générales dans le pays avec les résultats que tout le monde connaît. Néanmoins, nous Congolais nous avons aussi besoin de nous diriger nous-mêmes. Loin de nous d’être ingrats vis-à-vis de tout le sang de vaillants casques bleus morts dans leur mission de pacification. Seulement la Monusco doit achever sa mission et partir : 15 ans en RDC c’est quand même trop. En termes d’évaluation, 15 ans c’est plus que le long terme. Aucun Etat au monde n’a été créé pour vivre éternellement sous protection de l’ONUou pour être cogéré avec l’ONU.

Or dans l’état actuel des choses, la Monusco dans son organigramme fonctionne exactement comme un Etat dans l’Etat congolais : elle dispose de tout un gouvernement dont le mandat est sans cesse renouvelé au siège de l’ONU à New York.

Comme tout pays, la Monusco a un « président » appelé ‘’: représentant spécial du secrétaire général de l’ONU ‘’. Les décisions du président de la Monusco ont une portée nationale et sont tout aussi obligatoires et exécutoires que celle du chef de l’Etat en RDC.

La preuve que la Monusco exerce tous les attributs de l’Etat, elle a une administration publique, une force de police, une armée avec toutes ses composantes : forces terrestres, forces aériennes, unités spéciales… c’est-à-dire des forces opérant au Congo sans être contrôlées par le gouvernement congolais. Le budget annuel de la Monusco est d’environ 1,5 milliard de dollars alors que le budget militaire de la RDC n’est que 247 petits millions de dollars ! Comparez la différence.

La Monusco a ses « ministres » qui gèrent chaque secteur de la vie nationale, en concurrence avec le gouvernement officiel de la RDC. Ses ministres sont appelés des ‘’ chargés de ‘’. Exemple :

  • Chargé des droits de l’homme = c’est l’équivalent du ministre des Droits humains.
  • Chargé de la justice = équivalent du ministre de la Justice.
  • Chargé des affaires électorales = équivalent de la Commission électorale.
  • Chargé des affaires politiques = équivalent du ministre de l’Intérieur.
  • Chargé de l’information publique = équivalent du ministre de la Communication…

Bref, un gouvernement à part entière !

La Monusco a aussi ses propres gouverneurs dans chaque province : on les appelle les chefs de bureaux. Ils gèrent et font rapport à leur hiérarchie, exactement comme les autres gouverneurs attitrés des provinces. La Monusco a même sa propre radio publique pour véhiculer sa vision, ses décisions et faire sa propagande.

Plus grave, tel un parquet général, la Monusco reçoit des mémos, des plaintes et des dénonciations faites contre le gouvernement congolais. C’est ainsi qu’au Congo la plupart des marches de l’opposition ou des associations ont pour point de chute les QG de la Monusco.


Le tribunal arbitral du sport tue le football africain

photo Euro Sport

Encourager l’impunité dans le sport revient à tuer proprement le football africain. A mon avis, le geste antisportif du Maroc de renoncer à organiser la dernière Coupe d’Afrique des Nations de football méritait bien une sanction exemplaire.

Malheureusement j’ai été sidéré d’entendre sur Rfi que le tribunal arbitral du sport (TAS) a annulé quasiment toutes les sanctions infligées au Maroc par la Caf (Confédération Africaine de Football), alors que ce pays avait renoncé sans raison valable dans les ultimes minutes à organiser la CAN senior 2015 par peur du virus Ebola.

Selon le TAS (Tribunal Arbitral du Sport), le royaume shérifien ne manquera plus de jouer les CAN 2017 et 2019 comme le prévoyaient les sanctions de la Caf ; et l’amande financière de 8 millions de dollars qu’il devait payer au titre de compensation a été réduite à SEULEMENT moins de 50 mille euros.

Je n’ai rien personnellement contre le Maroc, et je comprend la frustration qu’aurait ressentie sa belle équipe de football de ne pas disputer 2 CAN de suite; mais je déplore amèrement la complaisance du TAS dans la gestion du football africain. Cet acquittement ou presque du Maroc fera désormais jurisprudence en Afrique. N’importe quelle autre nation pourra aussi renoncer délibérément à organiser des compétitions, sachant qu’elle n’en courra pas grand ‘chose comme sanction. La preuve, déjà mon pays la Rdc vient d’emboiter le pas au Maroc en renonçant elle aussi à organiser cette année la CAN des moins de 23 ans. Et comme l’Afrique nous habitue aux improvisations, c’est le Sénégal qui va  sauver les meubles.

Alors, si les choses doivent continuer comme ça sans sanctions, le football africain n’est pas loin de sa tombe.

L’Egypte dira par exemple qu’elle ne va plus accueillir la CAN de handball en 2016 pour la simple raison que les pyramides ne sont pas prêtes, ou quelque chose de ce genre.

A mon avis, la clémence du TAS vis-à- vis du Maroc humilie et fragilise l’autorité de la Caf (Confédération Africaine de Football). Car le Maroc considérera désormais les sanctions de la Caf comme ayant été motivées par de mauvaises intentions et la volonté de nuire.

Le même tribunal arbitral du sport a fait pareil dans l’affaire de la mort du joueur camerounais Albert Ebosse contre la Jeunesse Sportive de Kabylie. Il avait encore levée les sanctions malgré la mort du camerounais. Ce genre de comportement risque d’amener certains à se demander si le Tribunal Arbitral du Sport n’est pas une justice des blancs sur les noirs.

Pourtant, quand on regarde de près , rien ne justifie la levée des sanctions infligées par la Caf au Maroc. Le renoncement du Maroc avait tous les ingrédients d’un acte de sabotage de la compétition. D’abord il a renoncé au moment ultime où la Caf ne pouvait plus trouver un remplaçant ! Cela a failli faire manquer à l’Afrique la CAN 2015 n’eût été le sauvetage équato guinéen in extremis.

En plus l’alibi marocain de virus Ebola ne s’est jamais justifié, car la Guinée Equatoriale a organisé cette CAN 2015 sans qu’aucun cas d’Ebola n’ait été rapporté avant, pendant ou après la compétition, alors que même la Guinée Conakry qui était parmi les pays les plus touchés par cette épidémie était présente à Malabo.

Quant à moi je ne peux que féliciter la Caf pour son sens d’autorité et de justice. Elle l’a démontré par exemple en sanctionnant sévèrement l’arbitre mauricien qui,  pendant la CAN 2015 lors du quart de finale Guinée-Equatoriale-Tunisie, avait accordé un coup franc et un penalty imaginaires au pays hôte (Guinée-Equatoriale), entrainant l’élimination injuste de la Tunisie.

Le Tribunal Arbitral du Sport doit revoir sa politique vis-à-vis du football africain.